Depuis trois décennies, le blues semblait avoir progressivement perdu toute valeur symbolique et le cri noir laissait place au hurlement des guitares électriques et du business. Mais au tournant du millénaire, à l’heure où le blues fêtait son centenaire, est arrivé un prophète chargé de remédier aux carences spirituelles du genre : Mo Rodgers, surnommé Mighty comme le Tout-Puissant. Paradoxalement, ce n’est pas de Chicago qu’est venue la Bonne Nouvelle mais de Los Angeles, Babylone moderne écartelée entre l’opulence insolente hollywoodienne et la misère tiers-mondiste chantée par les gangsta-rappers de South Central.
Après une enfance urbaine dans une banlieue ouvrière de Chicago, Mo fréquente le F&J Lounge avant d’achever la soirée chez Joe Green ou au Roadhouse. Dans ce haut-lieu du blues, la musique sert de décor à des parties de dés et de cartes clandestines qui se terminent parfois à coups de couteaux.
Le milieu des années 1960 est également celui de tous les questionnements, dans les ghettos comme sur les campus.