JOHNNY GALLAGHER

N’est pas Gallagher qui veut ! Car on aura vite fait de vous comparer au génie mélodique de certains (Noel Gallagher) ou à la magnificence technique d’autres (Rory Gallagher). Et si en plus vous êtes vous-même guitariste, bluesman et irlandais alors plus aucune espèce de complaisance n’est permise ! Mais de tout cela, le placide Johnny Gallagher n’a que faire car sa musique parle pour lui, et plutôt deux fois qu’une à l’image de cette production regroupant la crème de ses enregistrements depuis son premier album paru en 1997 !

Cette tranquille assurance de Johnny Gallagher est tout sauf feinte car, comme le dit si bien la formule, « la musique, il est tombé dedans dès son plus jeune âge ». Sa mère coiffeuse composait de la musique à ses heures perdues alors que son père, son idole absolue, avait fondé en 1959 avec son frère un groupe qui connut son heure de gloire en Irlande. Voilà pour le cadre, les fondations d’une construction aujourd’hui solidement ancrée. D’abord attiré par la batterie (dès 9 ans dans la fanfare locale de Bundoran dans le comté de Donegal), il ira même jusqu’à intégrer le groupe de son père avec qu’il tournera même aux USA à l’aune de ses 12 ans. Ce qui ne l’empêchera pas d’étudier en même temps la mandoline, le banjo, sans oublier le violon et le violoncelle en amateur insatiable de musique classique qu’il était ! Tout cela bien avant la guitare (et la basse) dont il est aujourd’hui une référence indiscutable ! Et le chant que sa timidité naturelle a longtemps érigé en forteresse imprenable !

Nourri évidemment aux sons de tous les grands du rock (Elvis, Beatles, Stones, David Gilmour, EVH, Hendrix) et du blues (SRV, Peter Green, Rory), Johnny Gallagher n’a surtout pas oublié l’influence de la country music dont Waylon Jennings fut pour lui le plus fier représentant et accessoirement le premier concert de sa vie. Bref, tout un aréopage dont l’esprit se retrouve ici ou là au gré de l’écoute des 14 titres qui composent « A 2020 Vision », un album juste « parfait » pour découvrir un artiste finalement assez méconnu discographiquement, là où sa livrée scénique fait le bonheur de tous les festivals et des salles qui comptent à travers le continent européen, et plus particulièrement dans l’hexagone.

Porté par la puissance de son Boxty Band où s’illustrent notamment ses frères, les jumeaux Pauric et James, « A 2020 Vision » est une somptueuse carte de visite du talent implacable de Johnny Gallagher tel qu’il s’est illustré à travers les cinq albums auto-produit parus à ce jour (« Whatever Is Good » en 1997 ; « Johnny Live at Fin McCools » en 2002 ; « Piece Of Mind » en 2007 ; « The Studio Sessions » en 2014 ; « The Pump House Suite » en 2018). Le propos est parfois « tubesque » (« Judi » et son solo tout « knopflerien », « 2020 Vision », « Spanish Fountain »), brutal (« Scars and Stitches », « Shake That Tambourine »), countrysant (« St Julien », « Bird »), émouvant et engagé (« Nothing Toulouse »), « boogisant » (Mr. George ») ou résolument stonien (« Jesus Song »). Le tout porté par cette voix unique et ce phrasé de guitare qui n’appartiennent qu’à lui et qui font toute la saveur et le piquant de l’album. Bref, un pur régal !

DISCOGRAPHY