Ni remake du film avec Bette Davis, ni documentaire sur la tragique destinée d’une chanteuse américaine exilée en France, cette histoire mériterait pourtant de s’intituler « Qu’est il arrivé à Natalia M King ? ». L’histoire d’une musicienne aventurière à l’empreinte puissante, à la voix captivante qui sur Woman Mind Of My Own, son 6ème album, pénètre pour la première fois sur un territoire ancien, une terre quasi sacrée, celle du blues, du rhythm’n’ blues, de la musique américaine « enracinée ». Avec au bout, cette merveilleuse sensation de redécouvrir au gré de ces 9 titres, composés par elle ou empruntés à d’autres, la magie d’un style qu’elle soustrait à l’usure du temps. Avec la juste patine sonore, ni clinquante ni vieillotte, posée sur l’ensemble par le guitariste et producteur Fabien Squillante, Woman Mind of My Own ne relève pas de l’exercice de style ni de la rétromania. C’est au contraire une œuvre de notre temps, un disque holistique qui ne s’arrête pas à célébrer l’Amour avec un grand A comme sur Sunset To Sunrise ou Play On, mais l’inspire à la manière d’un philtre ; ne se résume pas à l’autoportrait d’une artiste ô combien intense, qui s’est toujours présentée sans fard ni artifice comme le rappelle la chanson titre, mais témoigne d’une condition plus vaste que sa personne, et du courage qu’il faut pour l’assumer. Ainsi d’Aka Chosen fait elle le lieu d’un vibrant come out et le tertre où lancer un hymne d’une portée universelle.