ERIC TER

Ce sexagenaire introverti a twisté avec les yés-yés et s’est habillé à Carnaby Street pendant que les autres lançaient des pavés. Comme on faisait à l’époque, Il a signé des contrats d’artistes glauques et a enregistré à Hérouville. Il a eu Mick Taylor sur un album et a failli travailler avec Richard Branson. Enfin, Il a survécu à 15 années en Californie et à 15 ans de traversée du désert dans l’hexagone.

Le voilà qui revient aujourd’hui porteur d’un blues psychedelic et groovy plein d’humour, de fraîcheur et d’in-ventivité. On dirait un cousin anglais de Gainsbourg avec des fleurs dans les cheveux, l’excentricité musicale de Zappa et la guitare de Jimi.

Né à Paris en 1952 dans une famille d’origine arménienne Eric Ter s’adonne au twist et à la guitare dès l‘âge de dix ans pour séduire les jeunes fille malgré sa timidité adolescente.

A 15 ans, il joue régulièrement le mardi soir sur la « scène ouverte » du « Hootenanny » du Centre américain (bld Raspail) où il croise entre autre Maxime Le Forestier, Dick Annegarn, Alan Stivell, Marcel Dadi… .

Vers cette période, trois concerts à l’Olympia – Jimi Hendrix, Bob Dylan et Frank Zappa – vont le marquer à vie et l’ame-ner à construire un monde musical intérieur extrêmement riche et intime. A partir de ce moment, son approche artistique sera toujours très graphique et entièrement guidée par son imagination. Comme une éponge, il absorbe des informations visuelles ou musicales, des impressions fugaces ou des émotions et les retranscrit avec sa palette sonore comme un peintre dont l’œil réinterprète la réalité.
Il découvre à Londres, où il séjourne six mois, les vêtements flashys et la musique psychédélique qui va le marquer de manière indélébile (il y a une très forte empathie naturelle entre ce courant musical et sa façon de ressentir la musique)…

Rentré à Paris, il enregistre avec un groupe une bande qu’il fait écouter chez Barclay à un directeur artistique qui les ins-talle aussitôt à Herouville (où ont enregistré entre autres Elton John, David Bowie, le Grateful Dead…). Mais il perd vite les pédales et le contact avec la réalité. C’est ainsi que son groupe split et qu’il foire lamentablement une rencontre qui aurait pu être déterminante avec Richard Branson (qui vient de créer Virgin !).

Suit une période où Eric va croiser d’autres producteurs, signer d’autres contrats, enregistrer sur la côté d’azur dans un cadre luxueux, puis à Londres pour Charly Records, au mythique studio Olympic (où les Stones ont enregistré plusieurs albums) avec Mick Taylor (en forme à cette époque) en guest. Mais, comme dans « Perette et le pot au lait » les rêves ne tiennent pas devant la réalité. Pas de promo, une bande revendue en exploitant le nom de Mick Taylor et retour à la case départ en France pour une courte aventure française avec Les disques Trema qui publient un album que Charly Records fait saisir en arguant que son contrat est toujours valide.

Toutes ces galères juridiques et ces avocasseries poussent Eric Ter à s’exiler aux USA où, après quelques aventures un peu rocambolesques, il va monter un studio d’enregistrement et réaliser des albums d’artistes américains, dont – paradoxale-ment – pas mal de rappers. Il va rester en Californie 15 ans de 1979 à 1994. Mais plusieurs déconvenues tels que le bra-quage de son studio et une séparation avec sa seconde épouse américaine vont le pousser à revenir en France où il enregis-tre plusieurs albums (« Grandeur et Mystères » en 98, « Barocco » en 2002, « Chance » en 2008 et « Nu-Turn » en 2011).

Voici son tout nouveau « Soundscape Road », qui prouve tout à la fois que la foi et la pugnacité de ce gar-çon sont indestructibles et que son système de peinture musicale et sa fascination pour les années 60 et 70 se marient, finalement, remarquablement bien avec le vingt-et-unième siècle.

DISCOGRAPHIE