Solomon Cole : L’Électricité Brute Venue de Nouvelle-Zélande
Quand on pense au blues authentique et rugueux, on imagine souvent le Delta du Mississippi. Pourtant, c’est depuis l’île de Waiheke, en Nouvelle-Zélande, que nous parvient l’une des décharges électriques les plus intéressantes de cette année 2025. Avec son album « Ain’t Got Time To Die », Solomon Cole prouve que le blues n’a pas de géographie, seulement une âme.
Un « Preachin’ Blues » Moderne
Cet album marque une étape importante pour l’artiste. Après avoir fait ses armes avec le Solomon Cole Band, il livre ici une œuvre solo qui plonge profondément dans les racines du genre. Le style pourrait être qualifié de « Preachin’ Blues » : une musique habitée, presque incantatoire, qui rappelle les sermons fiévreux du sud des États-Unis.
Dès les premières notes, on est frappé par l’énergie qui se dégage des huit titres. C’est sombre, c’est intense, et c’est surtout très « roots ». Cole ne cherche pas la perfection lisse ; il cherche l’émotion brute, celle qui gratte et qui secoue.
Une Production de Haut Vol
Pour capturer cette énergie sauvage, Solomon Cole s’est entouré d’une légende locale : Eddie Rayner, claviériste des célèbres groupes Split Enz et Crowded House. Rayner a produit et mixé l’album, apportant une texture sonore qui respecte le côté vintage tout en lui donnant une puissance moderne.
Le résultat est un son qui oscille entre le blues marécageux (swamp blues) et le rock garage. Les arrangements sont parfois surprenants, comme sur le titre « Bullet », où des cordes viennent ajouter une dimension dramatique à la voix rocailleuse de Cole.
Entre Ombres et Lumière
Les influences de l’album sont claires mais parfaitement digérées. On y entend l’écho des maîtres comme Son House ou Skip James dans les rythmiques, mais aussi la théâtralité sombre de Tom Waits ou Nick Cave.
Des morceaux comme « Day of Reckoning » ou « Call My Maker » explorent des thèmes de rédemption et de défi, portés par une guitare slide tranchante. C’est un disque qui s’écoute comme on lit un roman noir : on est happé par l’atmosphère dès le début et on ne peut pas s’arrêter avant la fin.
Conclusion
Sorti chez Dixiefrog, « Ain’t Got Time To Die » est une excellente surprise pour les amateurs de blues-rock alternatif. Solomon Cole réussit le pari de faire sonner son île du Pacifique comme un juke-joint du sud profond des États-Unis.